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Trois p'tits tours et puis s'en vont ...
19 mars 2008

Hoquetements

Je n'aurais jamais dû lui demander de me rappeler. C'était bien suffisant. Mais il y avait ce souci redondant d'électricité et j'avais besoin de lui en parler. Pour avoir son avis une nouvelle fois. Pour lui demander conseil. C'est ça qu'on demande aux mamans. Mais je n'avais pas besoin de ça. Pas ce soir, pas maintenant. Pas ces milliers de silences successifs. Ces merdiques sujets qui reviennent. C'était presque en train de lâcher mais je n'ai rien montré. J'ai trop pleuré au téléphone. Ca m'a énervée. Tous ces reniflements plein de morve et ces larmes echouées dans le vide. Toutes les soirées où c'est arrivé. Il ne fallait pas que ça s'entende cette fois. Mais mon estomac faisait des cabrioles en silence, dans les remous des douleurs profondément enfouies. Tous ces mots qui reviennent. Tous ces mêmes mots qui reviennent. Toujours cette impression que rien n'est vrai. Ce mail était beau et j'avais été émue. Mais une semaine plus tard, les mots, au téléphone, ne veulent plus rien dire. Ils sont morts, vides, destructeurs. Oui, j'ai arrêté ce projet. Et non, je ne suis sur la route de rien. " Des tas de projets ". Oui evidemment, aller bosser cet été, passer mon permis. Si ça m'amusait encore... Je le fais parce que je n'ai pas le choix, parce qu'il faut, parce que sinon, c'est un handicap. Ces projets-là existent, oui. Ils sont forgés par le monde autour. Ses exigences. Mais mes projets à moi, ce qui me fait tourner la tête, ce qui m'exalte et me fait me lever le matin. Ca, ça n'existe plus. C'est en latence, c'est en stand-by, près de la falaise et du ravin. En équilibre. Si tu savais comme ça fait mal quand je réponds ça aux autres, à tous les autres qui me demandent où j'en suis. Ce silence face à ma détresse, jamais, je ne l'avais senti plus pesant, plus important. Et pourtant, je sais que tu te sens coincée aussi. Mais ça hurle à l'intérieur de moi et j'ai envie de crier, de te crier d'arrêter de me parler de " formations ". Reprendre quoi ? Commencer quoi ? Sacrifier ma vie ici pour faire ce qui n'a pas de nom. Chercher ce qui ne se cherche pas et pourtant, je sais que ça va m'atteindre, je sais que je vais passer des heures à chercher un peu partout, sans savoir du tout ce qu'il faut trouver. Tout ça est ridicule. Tout ça me pèse et m'étouffe. Je me sens à l'extérieur de moi. Je me regarde et je ne me vois pas. Je suis minuscule et je m'efface, jour après jour. Je comprends, des soirs comme ce soir, comme ce chemin-là est difficile, comme ça passe par tant de déceptions et de douleurs. Comme ça fait envie et si mal en même temps. Comme c'est désarmant de ne plus se trouver, ou d'en être encore à se chercher. De bosser pour exister ailleurs alors que cet ailleurs n'existe pas. Ou plus. Ou pas tout à fait. Ou n'existera jamais.

C'est ça qui me fait le plus peur finalement. Que ça n'existe peut-être jamais.

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