Et si ?

" C'est dommage qu'elle ne revienne plus, je trouve qu'elle a vraiment quelque chose ... "

Voilà ce qu'Elsa m'a transmis pour message, sortant directement de la bouche de Pierre.
Pierre, le directeur, le metteur en scène, " le chef " , le comédien ... Celui qui disait toujours ce qu'il pensait.
Et tout ce qui se mélange entre rire, stupéfaction, bonheur, hystérie, flatterie et colère. Un gros noeud de sentiments tous ensemble pour mieux décrire tout ce que j'ai attendu toute une année. Jamais de " retour ", d'appréciations. Comme transparente, alors voilà, j'ai compris,  je n'étais qu'un voilage. J'ai fait tomber toute la confiance que j'avais mise en moi au fur et à mesure d'années, de spectacles, de petites victoires de tous les jours. Tout par terre avec l'envie qui s'éteint. Si je ne me bats plus, je ferais quoi ... Tamponner des dossiers toute la journée, j'avais vu autrement.

Cette petite phrase  dite à temps, en face à face, n'aurait certainement pas changé ma décision, elle n'aurait sans doute pas influencé grandement mes opinions et ma déception, mais, peut-être, cela aurait-il pû me faire dire que oui, c'était pour moi, que j'avais ma place parmi les autres, que j'étais capable, que j'allais pouvoir réussir, y arriver, grimper en haut. Que même si ça n'enlève pas la persévérance, c'était au moins possible. J'aurais aimé qu'on me dise que c'est possible. De tenir le bout encore très fort et un long moment. Ce ne sont pas des mots-mouchoirs mais ça aurait absorbé quelques larmes de trop.

J'ai reçu ce mail. Et c'était vrai. Se sentir écoutée pour ne pas se décourager. Sentir les autres qui croient en nous, quand, pour soi-même, ça devient trop difficile. Ce sont les petites allumettes auprès desquelles s'éclairer. Ne pas oublier.