Remontées

Une heure sur mon document Word. A effacer, reprendrer, réfléchir à comment tourner les mots. Ne pas reprendre les mêmes verbes Ce ne sera que la énième fois. Etaler sur papier ma motivation, mes envies, ce qui m'amène ici, ce par quoi je suis passéeavant, ce que j'ai aimé ou regretté. J'essaie, tant bien que mal, d'être le plus naturelle possible. La plus vraie. Je ne peux pas jouer le jeu pour tout ça. Je veux dire ce qui m'a dégoûté, les peurs par lesquelles je suis passée et celles qui me traversent encore maintenant, tout ce qui est resté coincé, sous les couvercles du temps et des angoisses.

Un rapide résume de quelques années et puis, parce qu'il le faut, les images qui me reviennent à l'esprit, les mots ré-entendus. Les yeux baissés. Les succès et les larmes pour le chemin flou. La colère pour les autres, pour toujours trop et jamais assez. Les souvenirs reviennent danser dans ma tête. C'est frais et noir, ça ressemble parfois au printemps et ensuite c'est le déluge. Je ne voudrais pas que l'histoire se répète encore. Il faudrait que ça marche, ou au moins, que je ne sois pas déçue. Ce serait comme tourner une autre page du livre et me faire confiance un peu plus qu'avant. Mais, dans mes erreurs et mes échecs, se profilent trop douloureusement la sensation de nul, de bof. C'est une immense chappe de plomb qui m'embue et me pique les yeux. Je voudrais, samedi soir, me sentir plus sereine, partir le coeur léger. Sentir tout ce que je peux leur donner. Il faut qu'ils sachent comme ça me brûle l'estomac. Qu'ils sentent l'amour de ces planches assemblées une à une. Mes pieds nus sur la scène. Je voudrais être insurmontable. Faire des vagues sans m'écraser. Je veux qu'ils me sentent respirer, vivre pour tout ça. Que mon nom soit sur la liste. Que ce 2 Juillet ne ressemble pas à celui de l'an dernier. Surtout pas.