Est-c'que je saurai faire ...

Tout est préparé, ficelé. Tout est finalisé, concrétisé. Il ya des dates, des heures, un chèque envoyé et une convocation à mon nom punaisée au dessus de mon bureau. Et ce noeud immense qui revient, insidieusement, sournoisement. L'impression que jamais, jamais, je ne serai à la hauteur. Et puis sentir ce mur se frapper de nouveau à mon visage, se rapprocher, se rapprocher jusqu'à se cogner. M'écraser par terre une énième fois. Ce choc l'an dernier qui n'est pas encore tout à fait digéré. Le résultat pas bien digéré. Le poids encore palpable dans l'estomac. Et malgré tout ce que j'ai acquis toutes ces années, je sens revenir mon habitude écoeurante de me rabaisser par rapport aux autres. Le stage du 31 Mai me fait peur. Rencontrer tous ces gens à la fois habités par la même passion et concurrents, candidats à la même place, au même titre. Tout ça m'angoisse déjà. Voir les exploits des autres,sentir comme ils ont confiance, comme ils sont à l'aise, comme ils y vont. Me trouver nulle. Je ne veux pas me laisser bouffer par ça. J'ai envie de me rappeler de ce jour où, après une improvisation de clown réussie, j'avais eu droit aux applaudissements chaleureux de toute ma promotion. Leurs sourires sincères. L'immense chaleur qui m'avait envahie à ce moment et les certitudes que j'ai pû éprouver pour ce chemin choisi. Toutes ces fois où je suis allée saluer après des heures et des heures de travail, ressentir l'immense satisfaction du travail abouti, la sensation indescriptible que ça procure quand le public respire en même temps, quand on sent ces regards médusés, ahuris, parfois enthousiastes et fiers sur soi. Me souvenir que de ça. Des mots de Pierre il y a un peu plus d'un an. Des autres mots de ce clown-là qui a compris sur une simple rencontre.

Réussir à cette audition, être " choisie ", sélectionnée. Tout ça aurait une telle signification. Me rassurer déjà sur ce que je fais là. Et aussi sentir comme tout avance. Reprendre confiance en mon potentiel et ma personnalité. Et je n'ai pas envie qu'on me dise encore qu'au pire, ce n'est pas grave. Bien sûr, ça ne me causera pas un décès prématuré. Mais je crois, moi aussi, pouvoir exiger de réussir ce que je choisis. Ne pas aller quelque part par défaut. Avoir le choix aussi.

1 mois. Ce sera dans un mois. Ce stage avant, pour les prémices, pour savoir où je vais. Et puis ces 20 minutes pour convaincre, pour être moi-même, pour me sentir importante et indispensable.

Entre temps, les vacances au bord de la mer. Celles attendues si longtemps. Celles que je garde pour moi seule. Pour mon plaisir, pour recharger mes batteries, pour me sentir vivante. Pour profiter, pour couper les liens dix jours pour ensuite revenir. Sentir les gens importants me manquer. Avoir envie de revenir. Plus forte, plus déterminée. Je reviendrai, avec, dans mes bagages, la sérénité d'être prête. Et y aller. Sans questions et sans doutes.

Comments

[Fabrice]

Tu sauras faire... Je crois en toi...
Des wagons de bises pour le 31 mai...