Ferié, fâné

Le soleil et nous. Les traces rouge vif de notre bonheur d'une journée. Moment jouissif, pur, simple, abandonné parmi tous plein d'autres trop salis, trop baclés, trop compliqués. J'ai respiré à grands poumons l'air de ce jour ferié pas comme les autres. Nous avons beaucoup parlé, chanté aussi un peu, nous avons disserté sur elles et sur eux, sur ceux qui peuplent nos vies ou qui l'ont hantée. Sur cet amour qui est trop multiple pour être enfermé dans une cage, dans un cadre. Sur notre appartenance à rien du tout. Sur la liberté qu'on veut conserver, à tout prix. Sur cette insouciance et pourtant sur la douleur de vivre ses rêves. Sur toutes ces obligations que se fixent toujours les autres à cause d'une putain de morale judéo-chrétienne à la con qui érige la culpabilité comme grande valeur. Sur tout ce qu'on aime et ce qui nous répugne. Sur nous, sur ce que l'on est, ce que l'on montre et ce que l'on cache, malgré nous.

Je me suis sentie libérée. Libre d'etre complètement ce que je suis. Heureuse d'écouter. Et puis, quand ça arrivait, de façon impromptue et improvisée,  de parler de moi. Naturellement, sans gêne. Comme si ça coulait de source. Cette sérénité tant attendue. Alors peut-être que c'est elle, enfin, qui me l'a apprise.

Je suis rentrée chez moi, le visage cuisant, mais la tête comme un balon de baudruche. Une immense coupe d'air nouveau. Une envie de vivre. Me sentir vivante. Vraiment vivante. Exister au plus profond de moi-même. Avoir une place, aimer mon corps et ce que je suis. Reprendre un peu de confiance, grapillée ici ou là, dans ses mots ou dans sa façon déconcertante d'être elle. Cette façon de dire " Je vais là où je vais, je sais qui je suis, je sais ce que je veux, je tente, j'essaie, rien n'est grave et tout est important en même temps ". Ca m'a fait du bien de rencontrer une personne aussi honnête envers les autres bien sûr mais surtout envers elle. Ne pas se mentir et cracher sur le " comme il faut ". Sentir combien elle me donne de l'importance aussi. Ne pas me sentir rabaissée, amoindrie, humiliée.

Ce n'est pas lui qui me l'apprendra ça. Maintenant, j'en suis convaincue. Si ce n'est pas grave, alors très bien, plus rien ne le sera entre nous. Je sais dorénavant qu'il ne faut pas s'encombrer des gens qui nous marchent dessus, ceux et celles qui nous encombrent, ceux qui pèsent lourd, qui prennent sans jamais rien apporter en retour. Rien n'est définitif, surtout pas une relation. On a toujours le choix de faire demi-tour, ou, du moins, de détourner ses pas. On n'est lié à personne et la vie n'est qu'une succession de rencontres plus ou moins longues qui nous ramènent toujours à notre propre solitude.
Je ne me laisserai pas submerger par la nonchalence de quelques X ou Y qui aiment passer le temps quand ça les arrange.

J'ai déjà bien d'autres choses à faire, d'autres visages à apprivoiser, d'autres mains à serrer.
Et je veux revivre encore souvent des 8 mai comme celui-là

Ce même air-là
Faire comme l'oiseau ...