S'évader

J'ai quitté Lille sous un petit soleil et Paris juste avant l'averse. Encore une fois. Encore une autre fois, trop court. Et si mon sac pesait lourd, il n'était pas le seul à me faire plier. Tout ça restera. Pour tous les yeux fermés ensuite. Pour se souvenir et pour que ce soit bon, bien après. La mémoire est un bijou.

Voyager. Partir. Voilà ce qui me hante depuis plusieurs semaines. De façon régulière. Toujours y penser un peu et un peu plus et puis trouver tout ça ridicule parce que trop de choses, parce que trop de temps encore à attendre, parce que pourquoi, parce que c'est tout qui coince et me ramène dans ma bulle . Je pose la barrière toute seule. Tous les obstacles. Et si je tombe, c'est parce que je me suis fait un croche-pied. Je suis sans attaches. J'ai envie de voir la vie autrement, de me débarasser de ce quotidien-là, de cette vie, des ces considérations, de ces obligations. Voir comment c'est ailleurs. Savoir sourire et manger en espagnol, en anglais. Rêver à l'étrangère. Filer à l'anglaise. Aimer à l'italienne. Mes jambes fourmillent. Mon compte attend. J'ai envie d'Amérique du Sud, de peuples différents, d'une autre culture, d'autres nécessités. Into the wild. Ce serait si simple. Pourvu. Mon rêve et mon étoile. Et l'appareil-photo qui me crie au bonheur.

Pour l'instant, finir ce boulot. Ne pas s'énerver. Lui répondre. Repartir pour des recherches et rééditer mes annonces, parce qu'on ne sait jamais. Il ne faut pas regretter. Et juin, et les vacances. Peut-être le début du permis. La papier rose des grands. La formalité des adaptés. Alors on le fera.
Ces soirées hors du temps. Nos sautes d'humeur. Nos coups de folie. Sentir mon ventre gronder et avoir peur. Etre à l'écoute de mon corps et pleurer tout d'un coup sans m'en rendre compte. Il m'a dit qu'il serait là. Non, je ne m'en fous pas. Oui, j'y pense tous les jours, j'ai peur, j'angoisse. Hâte que ce jour arrive pour vérifier. Suis-je une ou deux ? Et comment on décide de ces choses-là ? Est-c'que ça reste pour toujours à te hanter ...

Ca je ne sais pas.

Mes envies d'évasion me chatouillent les neurones
Mon dégoût stagne au bord des paupières
Ma vie bat la cadence
On y croise des étoiles éteintes et allumées