Sans voix

Le coeur, mes sens, les 5, et plus. Les yeux, les sourires. Je me suis murée dans mon silence.
Ca ne dure pas. Ca ne pouvait pas durer. Etre dans le " juste profiter ", fallait que ça se casse la gueule, fallait que ça finisse par puer. J'ai rongé mes ongles jusqu'au sang. J'ai en même déchiré un en deux et j'ai mordu mon poing pour ne pas hurler. Je me suis laissée crier dessus. Mais ça paye bien. Et les gens sont sympas, leurs sourires ne s'éteignent jamais. Leurs orages ne m'atteignent pas.

J'ai envie que maman m'appelle. Elle avait dit qu'elle passerait. Moi je n'ai pas pû. Mais elle non plus n'a rien fait. Mon téléphone n'a pas sonné. Qui va réparer la jambe cassée de ma malette à musique ...

Pour une fois. Bah non. Mais rien à regretter. J'ai profité. Je me suis accrochée à son bras, ri aux éclats. Profité de ses mains sur ma peau brulante et fiévreuse. J'ai eu envie de tout ça et c'était bon à prendre. Il y a toujours la face cachée, le côté obscur. Le plat retourné. Les détournements de regards sous les néons du métro. Les cachets d'aspirine filés pour l'aider. Les aux revoirs conventionnels. La moche vie des autres. C'est là que vient l'envie de se barrer. J'ai envie de bosser. J'ai envie de continuer. Plonger dans les livres ce samedi. Aller remplir mon caddie. Profiter, j'espère, d'un peu de soleil. Mettre des pansements à mes doigts arrachés. J'ai la tête qui joue à la balancoire. Je bringuebale. Je balance mais rien n'est stable. Putain de mois.

" J'suis maudie, pas dégourdie
Jamais tiré la fêve "